
Comme beaucoup, je n’en peux plus, et je voudrais savoir quoi faire pour qu’on ne se fasse plus agresser. Je ne sais pas si c’est parce que ces attaques sont plus reportĂ©es, que les lesbiennes et les gays refusent dĂ©sormais de se faire tabasser en silence, mais j’ai envie de hurler Ă chaque nouvelle photo sanglante. Comme beaucoup, je me demande quand et non plus si ça m’arrivera. Je deviens paranoĂŻaque.
En attendant de savoir quoi faire, j’ai hĂ©sitĂ© Ă aller manifester. Mais j’arrive pas Ă me sortir un truc de la tĂȘte : Quand personne ne manifeste POUR les agressions âPersonne ne se revendique homophobe, mĂȘme pas la Manif Contre Nous, pour des raisons probables de stratĂ©gie et/ou dâautomystifiationâ alors contre qui manifestons-nous? Pour dĂ©noncer ces actes? Mais personne ne les dĂ©fend, sauf une extrĂȘme minoritĂ© de malades qui ne changeront pas dâavis. Pour qu’une hypothĂ©tique majoritĂ© dâallié·e·s se sentent soudainement concernĂ©e? Les femmes se font tabasser tous les jours et la majoritĂ© s’en accommode trĂšs bien. Demander plus de flics ? Thank you but no thank you.
J’arrive pas Ă me sortir ce slogan dâAct Up de la tĂȘte, qu’on criait dans les manifestations, Ă la fois sĂ©rieux·ses et ironiques: «Ils sont trĂšs mĂ©chants ! Ils sont pas gentils ! A bas ! A bas, ceux qui font le mal!» Parce qu’on sentait qu’une manifestation, c’Ă©tait pas assez, mais qu’en mĂȘme temps, il fallait bien faire quelque chose, n’importe quoi.
Quand notre seule arme, c’est une manifestation Ă laquelle tous les partis politiques se sentent lĂ©gitimes Ă participer, y compris ceux au pouvoir qui, aujour dâhui comme hier, instrumentalisent nos revendications, Ă l’instar de LaREM et le PS avec l’accĂšs Ă la PMA ou l’ouverture du mariage, alors j’ai peur que nous soyons nu·e·s. Notre logiciel d’activisme n’est plus pertinent quand le seul horizon de revendication âqui Ă©tait pourtant nĂ©cessaire pour protĂ©ger nos prochesâ, le mariage, a Ă©tĂ© acquis. Nous avons les noces, mais nous sommes toujours assujetti·e·s Ă la violence des connards virilistes, qui se sentent justifiĂ©s par les discours insidieusement homophobes des politiques et des personnalitĂ©s publiques de la tĂ©lĂ©.
Encore une fois, il y a un systĂšme derriĂšre ces violences. Les agresseurs passent Ă l’acte parce que les gays et les lesbiennes, les trans Ă©galement, sont assimilé·e·s Ă la faiblesse qu’on prĂȘte aux femmes. Nous avons obtenu des droits, mais nous sommes toujours vu·e·s comme des proies, qu’il faut remettre dans le droit chemin Ă coup de poing. Ce n’est pas en se parant des outils de la majoritĂ© âle mariage, le virilisme anti-folle, le discours de droite, l’attaque des autres minoritĂ©sâ qu’on accĂšde Ă ses privilĂšges. C’est en imposant les outils qui protĂšgent et empowerent les minoritĂ©s, en particulier les femmes, Ă toutes les strates de la sociĂ©tĂ©. Et j’avoue, je ne sais pas comment faire. J’espĂšre que des gens plus intelligent·e·s que moi trouveront un chemin.
Bon courage Ă toutes celles et ceux qui vont manifester, vous ĂȘtes vivantes et belles.
edit :
Bon, je me sentais coupable de rien faire, puis j’avais envie d’ĂȘtre avec ma communautĂ© alors je suis descendu Ă RĂ©publique. Y’avait un peu de monde, trop pour une place dĂ©jĂ occupĂ© par un festival de musique. Du coup, on pouvait pas bouger, ni faire quoi que ce soit Ă part ĂȘtre debout. Je suis parti quand j’ai entendu une intervenante demander la tolĂ©rance et quand j’ai vu une pancarte: «Je suis normal».
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