Les emballements du coeur, son dĂ©raillement, le dĂ©crochage, les battements sautĂ©s, la soif, la peur, la folie, la crainte, la joie aussi, et l’espoir, le sombre, le secret, le terrible et brĂ»lant espoir que quelqu’un rĂ©ponde Ă notre chant et qu’on oublie ensemble, enfin, que nous allons mourir. Se tenir chaud dans la nuit, se sentir tomber, un peu, et l’accepter.
On regarde les Ă©toiles dans le ciel dâhiver dâune nuit clair et fraĂźche, et on les nomme, je lui montre Jupiter; je me vois marcher sur la face visible de la lune, c’est si proche, la porte dâĂ cĂŽtĂ©, moins de deux heures en train, on pourrait y aller et revenir tout le temps, si nous n’Ă©tions pas si insignifiants. On regarde le noir du ciel et les larmes me montent aux yeux, saisi par le vertige, devant le miracle qui nous retient sur le sol terrestre. Que n’avons-nous des ailes. Pourquoi ne tombons nous pas, puisque nous ne sommes rien?
Pour la mĂȘme raison que nous nous tournons vers la lumiĂšre familiĂšre que nous reconnaissons chez certains, sĂ»rement. La loi de l’attraction universelle. J’existe donc je pĂšse. Je pĂšse donc j’attire et j’orbite. LĂ , je frĂŽle l’atmosphĂšre, je ne sais pas si je suis comĂšte, satellite ou Ă©toile jumelle, si je trouverais une orbite stable ou si je serai projetĂ©, comme par une fronde cosmique, hurlant, au fin fond de la nuit. Est-ce que je vais prendre feu? Est-ce que le noir immanent peut attendre? Au tango, on pĂšse dans la main de son partenaire pour trouver sa lĂ©gĂšretĂ© et de lĂ nait la giration. C’est marrant, le premier pas qu’on apprend s’appelle la Sortie. Un pas en arriĂšre, deux pas en avant. En pesant dans sa main. Si tu la retires, je ne tombe pas, je m’Ă©loigne.
Moi aussi, bien sĂ»r, j’ai peur dâĂȘtre anĂ©anti. J’ai peur du cataclysme. J’ai peur de toi, de moi, aussi. Et si je prĂ©fĂ©rais reprendre ma course au milieu des Ă©toiles, plutĂŽt que de tout risquer, encore? Mais pas de beautĂ© lunaire sans crash de mĂ©tĂ©orite, pas de voeux fiĂ©vreux sans Ă©toiles filantes, ces derniĂšres flammes de corps cĂ©lestes mourants, comme les cierges vacillant dans les Ă©glises, que je rallumais, petit, quand ils n’avaient pas brĂ»lĂ© jusqu’au bout; je trouvais ça tellement triste.
Et si tout s’arrĂȘtait demain, si le mouvement universel se grippait, est-ce que tu voudrais que je sois lĂ ? Si tu laisses ta main, je peux te dire ce qui peux se passer. On peut tourner un peu ensemble. Trouver la bonne distance, notre orbite stationnaire. S’accorder. Rire, Ă©videmment, et dormir au soleil. S’engueuler, parfois. Chanter. Ăclats dâor sous la foudre. Se fondre et se rattraper. Est-ce que tu veux danser avec moi?
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