Sens le jasmin
Goûte la mélasse
Et souviens-toi de te souvenir de moi
Mon frstĂšre, ne m’oublie pas
Mon amour, mon trophĂ©eJ’aurais aimĂ© te garder auprĂšs de moi
Te présenter à mes parents, te faire couronner mon coeur
Préparer tes repas, nettoyer ta maison
GĂąter tes enfants, ĂȘtre ta femme au foyerMais tu es dans ta maison, et moi dans une autre
Dieu, je souhaiterais que tu ne sois jamais partiSens le jasmin
Et souviens-toi de m’oublier
 » Shim el Yasmine / Sens le jasmin. On a pas besoin de traduction, parfois, tellement l’Ă©motion est prĂ©gnante.
En 2008, sept Ă©tudiants de l’universitĂ© amĂ©ricaine de Beyrouth crĂ©ent leur ensemble dans la salle de musique du campus, en bord de mer, et se baptisent Mashrou’Leila, qui veut dire Ă la fois «Projet Leila» et «Le projet dâune nuit». Un chanteur, deux guitaristes, un bassiste, un violoniste, un batteur, et une pianiste, qui se mettent Ă Ă©crire de la «pop indĂ© arabe». A l’Ă©poque, ça n’existe pas vraiment et c’est justement ce qui fait leur succĂšs. Ils chantent en arabe libanais et parlent de drogue et de sexualitĂ©. Une bouffĂ©e dâair pour les jeunes. Une hĂ©rĂ©sie pour les tenants de la grande chanson arabe en langue classique qui se doit, dâOum Kalthoum Ă Fairouz, de surtout parler dâamour!
Mashrou’Leila prĂ©fĂšre dĂ©noncer la violence domestique, la corruption. Ou parler dâune relation entre deux hommes, dans Shim el Yasmine.
(…)
«Lorsque sort la chanson Imm el jacket, qui raconte l’histoire dâune femme refusant de s’habiller comme une femme, on nous a accusĂ©s de promouvoir la transsexualitĂ© et dâĂ©crire trĂšs mal. Aucun journaliste n’a reconnu le texte du poĂ«te libanais Omar al Zo’ini, Ă©crit avant la Seconde Guerre mondiale!»
 » Mashrou’Leila, pop indĂ© et poil Ă gratter de la chanson libanaise, Slate.fr.
Ăvidemment, la presse française, qui a ses propres problĂšmes avec les questions LGBT, en profite pour invisibiliser nos luttes au passage : Aucune mention du fait que le chanteur, Hamed Sinno, est out, dans un pays oĂč la police pratique encore les rafles dans les clubs gay et les examens anaux pour dĂ©terminer qui est passif.
For his part Sinno appears unmoved by the criticism from his country’s more conservative elders: He wants the ban dâs music to inspire Arab gay, lesbian, transgender and bisexual fans to forge for themselves a sense of belonging to the region, in spite of the incredible repressing they have to live through.
 » Gay Lebanese Singer Hamed Sinno Navigates Middle Eastern Taboos Through Music, Queerty.com.
L’Ă©motion de ce clip, c’est aussi celui d’un homo qui passe Ă la tĂ©lĂ©, dans un pays qui a du mal Ă voir ses minoritĂ©s sexuelles. Les regards de la femme et de l’homme autour de la table. Les applaudissements rĂ©servĂ©s. On dirait que tous attendent d’ĂȘtre frappĂ©s par quelque chose de terrible alors que les lignes bougent.
Happy Pride.
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