Je vous apprend rien, depuis le rĂ©sultats des europĂ©ennes, on assiste Ă un moment de clarification politique assez forte. Je suis trop vieux et blasĂ© pour croire Ă une formule de communication politique reprenant le «Front populaire», mais jâapprĂ©cie quâon sorte enfin de la sidĂ©ration, et que, quelque chose, enfin, se passe Ă gauche.

Et ce que jâapprĂ©cie par dessus tout, câest que ça expose, en traçant une ligne dans le sable, ceux et celles qui sont prĂȘtes Ă se compromettre avec ou Ă essayer lâextrĂȘme-droite. Câest probablement pour ça que je suis pas complĂštement en PLS aprĂšs les rĂ©sultats du FN de cette semaine. (Lâautre raison, câest que les autres pays ont mieux votĂ© que nous, heureusement.)
Je parle pas de Macron ou des macronistes, qui cultivent les idĂ©es et les thĂšmes des fachos pour faire Ă©cran Ă leur saccage en rĂšgle de tout ce qui ressemble Ă un projet de service public. On nâattend plus rien de ces guignols, et eux-mĂȘme ne croient plus en leur projet tatcherien, sâils ont jamais cru Ă quelque chose. Ils ne peuvent mĂȘme plus nous dĂ©cevoir.
Je parle de celles et ceux qui passent leur temps Ă se prĂ©tendre de gauche, Ă se prĂ©tendre progressistes, mais qui prĂ©fĂšrent tout livrer aux fachos âou aux macronistes, on a vu que ça arrivait au mĂȘme endroit, avec lâextrĂȘme-droite au pouvoirâ que discuter projet politique avec dâautres gens de gauche. Tout le monde vous voit pour ce que vous ĂȘtes : des agents de la rĂ©action.
Merci donc pour ce moment, prĂ©sident playmobil. Je sais pas comment on est arrivĂ© lĂ , mais je pense que ce qui se passe, câest que les connards qui nous abreuvent dâun discours extrĂ©miste, raciste depuis des annĂ©es, pour dĂ©caler la fenĂȘtre dâOverton, ont fini par croire Ă leurs conneries. Les Ă©ditorialistes fascisants de BollorĂ© et des chaines dâinfos, qui tombent des nues face Ă la rĂ©ponse de la gauche, comme les conseillers spĂ©ciaux de Macron plus rĂ©acs les uns que les autres, ceux qui ont voulu croire que Pascal Praud parlait pour les français. A force de nous en faire bouffer toute la journĂ©e, ils ont cru que leur narratif raciste, classiste et ultra-libĂ©ral, si bien rodĂ©, si facile Ă dĂ©rouler, Ă©tait la vĂ©ritĂ©. Ils ont cru que sâils nâentendaient plus dâautres voix, câest que les gens Ă©taient dâaccord, quâils avaient convaincu tout le monde. Ils ont oubliĂ© de rĂ©sister Ă leur propre propagande. Câest pas parce que le pouvoir mĂ©diatique et politique a Ă©tĂ© le plus violent dans sa rĂ©pression et dans sa politique quâil rĂ©ussit Ă imposer sa rĂ©alitĂ©.
Je suis heureusement surpris que ces rĂ©sultats aient enfin provoquĂ© quelque chose, alors quâon sait que les fachos sont prĂȘts Ă accĂ©der au pouvoir depuis des annĂ©es et que ça ne changeait rien. Tout dâun coup, on dirait que la politique perce Ă travers les Ă©lĂ©ments de langage du pouvoir et des mĂ©dias de droite, comme une respiration quâon espĂ©rait plus. Jâai du mal Ă mâenthousiasmer mais une alliance comme le Front, je me dis que câest comme un train. Tâes pas obligĂ© dâaimer tout le monde dedans tant que tout le monde veut aller au mĂȘme endroit.
Et pour savoir oĂč on veut aller, il va falloir parler Ă et Ă©couter des gens qui sont pas Ă Paris, qui sont pas blancs, qui sont pas vieux, qui ne sont pas des mecs et pas des hĂ©tĂ©ros, qui nâont plus de trains, de postes ou de mĂ©decins, qui nâont plus de boulots ou dâindemnitĂ©s chĂŽmage. Se rappeler que la gauche, câest dâabord un projet de sociĂ©tĂ©, pas que le rempart utile au fascisme mobilisable une fois tous les 2 ans pour sauver le statut quo.
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